J’viens de ch’nord.
Chez moi on téléphone pour dire qu’on est bien rentré, mais pas pour demander si on peut passer, de toute façon on est toujours le bienvenue. Dans le cas inverse, les nordistes savent montrer explicitement qu’ils ne peuvent pas te blairer, par un coup de boule souvent, on aime ça nous les coups de boule.
Ah ça oui, il pleut, c’est gris, c’est les mines de charbon, les terrils, il fait froid, on cohabite avec des manchots, des ours blanc, on fait des trous dans la glace pour pêcher et on sort les tongs et la serviette de plage quand le mercure tâtonne les quinze degrés.
Mais le soleil que nous n’avons pas dans le ciel, nous l’avons dans le cœur, pour accueillir tous ceux qui frappent à nos portes avec les pieds, les bras occupés par les bouteilles et les chips.
J’aime mon Nord, j’y retournerai, le plus vite possible, quitter Paris, ses pigeons qui se nourrissent du vomi des toxicos, ses parisiens qui vont chaque jour à un enterrement en métro, le réveil bercé à coup de sirènes de pompiers, (oui clo y’a plein de virgules, mais j’énumère) j’en passe et des salaces.
Faire la fête en mode « no limit » comme ils savent bien le faire là-haut.
Ne pas dormir, ou tu te réveilleras attaché avec des manches à couilles dessinés partout sur le corps. Sortir de la discothèque un peu avant midi, déjeuner dans le premier coffeeshop un peu plus au nord, redescendre en France pour l’after jusqu’au milieu de la nuit où nous repartions en boîte.
Pousser, pousser jusqu’au bout, drogué aux crises de fou rire. Nous redescendions du perchoir le dimanche vers le milieu d’après midi, pour aller voir Grand-Mère avec la face fatiguée, heureuse, labourée par les discothèques belges et parfois par ses belges quand ils ont gobés un ecsta de trop et que j’ai pas fait exprès promis, de renverser ma bière sur sa tête quand il m’a bousculé pour passer.
Sortir chaque matin dans ma petite ville natale de cinq mille habitants, rejoindre une quarantaine de jeunes avec qui j’ai grandis, mais pas tellement évolué.
On zonait, on avait rien à faire, si ce n’est picoler sous le soleil quand il était là (c’est vachement plus économique avec le soleil).
Une voiture de police qui passe et s’arrête, procède à des contrôles de routine. Le quotidien sur la plaque tournante lensoise du hash, du speed, des pilules, des fausses Air Max et des clopes polono andalouses des Antilles finlandaises.
(tiens c’est marrant, Word m’a corrigé l’orthographe d’Air Max, mais me souligne « lensoise » comme faute…).
C’est terne en fin de compte, les gens dépriment, n’ont pas de travail ou alors se font chier dans ce dernier à longueur d’année.
Mais j’y ai grandis, j’aime, j’y retourne, blindé de bonnes pensées avec l’envie d’avancer.
Et puis comme dirait Dany Boon : « Quand des gens sont obligés de venir vivre dans le Nord, ils pleurent deux fois : Quand ils arrivent, et quand il repartent… »