Allez, je me couche. Il est 02h05. C'est tard, et demain j'ai une grosse journée qui m'attend.
Mais voilà je n'y arrive pas, je ressace, je recolle, je repars et rédige, encore et encore, jusqu'à ce que les idées ne soient plus dans ma tête mais sur l'écran.
Hier encore j'étais loin de cet acharnement. Je vivais paisiblement, loin des affres de la toile, mais j'ai été happée par l'onde électrique et je vibre maintenant en entendant ces quelques mots résonner dans ma tête : "Tu as Internet ! Tu as Internet !", comme le chant d'une sirène prête à me dévorer.
Je résiste, tourne en rond, le guette du coin de l'oeil, cet ordinateur qui règne sur le monde, mais la tentation est trop forte, et finalement, je craque.
Il est 02h08, il faut vraiment que je me couche. Mais je ne peux pas, c'est comme une nouvelle drogue que j'aurais tout juste testée. J'en connais à peine les odeurs et les tréfonds ; son trou sans fin ne me fait pas peur, pas pour l'instant. Je me crois encore maître de mes gestes, mais mes doigts, plus véloces que mes yeux fatigués, ne cessent leur parcours et gesticulent sans arrêt, de droite à gauche en bas en haut, la barre d'espace.
Le point final arrive à 02h09. Et le smiley démoniaque me nargue, de loin, comme une incitation à la boulimie. Ne pas tomber dans le piège, ou, du moins, tenter de garder la tête hors du trou.
Demain, je n'irai pas sur Internet. Mais, ce soir, je vais juste aller faire un dernier petit tour.
Juste au cas où...