Voici un texte libre que j'avais envie d'écrire depuis un moment. Je viens de le poster sur mon blog, mais je voulais vous le faire partager !
Des fois, les souvenirs que l'on garde ne sont pas ceux auxquels on s'attend...
J'avais 12 ans et presque 3 mois (à cette âge là, ça comptait encore) et j'allais avoir un petit frère ou une petite sœur. Le bébé devait naître dans quelques jours, ma maman était prête à foncer à la clinique à la moindre alerte, le sac toujours à portée de main, dans le couloir. Ma chambre avait été réaménagée pour accueillir (ô joie) le berceau, la pièce que nous partagions avec mon frère allait encore se réduire...
Il ou elle était attendu, nous avions guetté le ventre de maman, nous l'avons vu grossir, nous avons senti Bébé bouger sous la peau tendue, nous l'avons entendu danser, jouer avec son cordon. Le jeu des prénoms, un moment important, « il faut prévoir un prénom pour les deux sexes ! »
Un petit frère ou une petite sœur ? Je n'avais pas d'avis, mais j'avais déjà hâte qu'il soit là. Mon frère est à peine plus jeune que moi et j'adore les bébés, c'était donc une nouvelle expérience que de voir arriver Bébé, s'en occuper, le voir grandir, avoir cette fois l'âge d'en profiter vraiment !
Les jours passaient, la date s'approchait doucement, tout doucement. La chambre était rangée, ses premiers vêtements déjà triés dans la table à langer, les premiers jouets étaient déjà déballés... « Comme ça lui ira bien cette robe ! » « Oui, mais si c'est un garçon ? » Et toujours le jeu des prénoms... Répétition mentale du trajet, de l'enchaînement des événements. Derniers préparatifs et rappel de la situation : « Nous risquons de partir d'un coup, de ne pas être là quand vous rentrerez du collège, et quelques jours après, Maman rentrera avec Bébé. » Nous serions sans doute seuls une partie du jour de sa naissance... Oui, mais c'est quand ? « Bientôt ! » « C'est quand bientôt ? » On dirait une rengaine de départ de vacances. Quelle impatience !
Mercredi matin, 6 heures. « J'ai des contractions très fortes ce matin, on file à la clinique, Bébé va naître aujourd'hui ! » Et les voilà partis. La maison est calme, mais plus moyen de me rendormir ! Ce soir, mon petit frère sera grand frère lui aussi ! Tant pis, je me lève, je commence à préparer ma journée, mon cartable, toilette, petit déjeuner. Une journée ordinaire. Sauf que c'est tout, sauf une journée comme les autres... Maman va accoucher aujourd'hui ! Tant de mois d'attente pour cette journée ! Je ne quitte pas l'horloge des yeux, le temps ne passe pas. Je replonge dans ma bédé, attendant l'heure du départ pour le collège.
La journée passe dans un rêve, si longue et si rapide à la fois. J'ai bien entendu prévenu tous mes amis, je vais avoir ce soir un petit frère ou une petite sœur. Les questions rituelles : « C'est un garçon ou une fille ? On pourra venir le voir ? Tu vas devoir lui changer ses couches ? Ce sera quoi son prénom ? Et ta mère, elle va garder son gros ventre ? Tu le promèneras en poussette ? C'est un garçon ou une fille ? (Julien, t'es lourd) Tu vas lui donner le sein ? Tu vas le voir tout nu dans le bain ! Donc, tu vas être grand frère ? » Et d'autres encore...
Et cette horloge qui n'avance pas... Et quand est-ce que j'irais voir Maman à la clinique ? J'ai envie de voir Bébé moi ! A quel âge saura-t-il marcher ? Je lui apprendrais à parler, je le porterais sur mes épaules, on jouera ensemble !...
Drrrrrrrring ! Enfin ! Je rentre en courant ! Je pose mon cartable, ma veste, mais je garde mes chaussures. Mon cartable à côté du radiateur, contre le sac de Maman pour la clinique, ma veste à côté de celle de Maman... Son sac ? Sa veste ? « Maman ? » « Je suis là ! »
J'accoure dans le salon, Maman est là, Bébé aussi. Mais il est toujours dans son ventre ! « Mais ?! » « Fausse alerte, ce n'était pas pour aujourd'hui... »
Et là, la pression retombe. La mâchoire tombante, les bras ballants, je reste debout dans le salon... Et j'éclate de rire, avant de sauter au cou de Maman ! « Mais c'est pour bientôt alors ? »
La soirée puis la nuit passe. Départ pour le collège le lendemain matin, jour normal. Je dois affronter les questions de mes camarades et leur expliquer que c'était une fausse alerte. Pas facile du haut de ses 12 ans... La journée passe, comme une autre.
Cartable, veste, chaussures. Pas de sac, pas de veste. « Maman ? » « Maman est à la clinique, ta petite sœur est née ce midi !! »
Le plus étrange dans cette histoire est que je me souviens mieux de la veille de la naissance de ma petite sœur que du jour même... C'est pour toi, petite sœur adorée que j'ai écris ça ! Je t'aime !